Polype et la révolution heureuse : première de couverture L'idée d'écrire "Polype" a germé depuis plusieurs années dans ma tête. Au départ, j'ai souvenir d'une conférence scientifique sur le monde corallien, au festival de la vie sous-marine en avril 2005. J'étais émerveillé par le fonctionnement des sociétés coralliennes, les façons dont les coraux se nourrissent, se reproduisent, se développent, réagissent aux menaces, construisent, colonisent, se font la guerre, interagissent avec leur milieu... Et je m'amusais à faire des ponts avec nos sociétés humaines, en miroir. Mais je n'étais pas encore sûr du sens de l'exercice, du pourquoi. Ironiquement, c'est huit ans plus tard, lors d'un voyage à la Havane que j'ai eu le "Euréka". En étudiant l'histoire de la révolution cubaine, j'ai alors mis un mot sur cette chose qui m'échappait, une chose qui paraît insignifiante, décorative... et qui est pourtant si déterminante : la vision. C'est ainsi que José Marti, mort en 1895 aux premiers jours de la guerre d'indépendance contre l'Espagne, reste à ce jour considéré comme le père de la révolution cubaine, car c'est lui qui a donné vie et incarné le mieux une vision fédératrice qui, dans son souffle, a orienté et organisé les forces progressistes du moment.

Cette même vision qui semble nous faire défaut aujourd'hui. On visualise les problèmes, on propose et expérimente des solutions, mais les peuples sont incapables collectivement de se représenter et de s’inscrire dans une vision profondément bouleversée mais positive de l’avenir, ce qui empêche le passage d’une expérimentation sporadique à un véritable mouvement de fond. Il m'est apparu prioritaire de contribuer à l’émergence d’une telle vision révolutionnaire et positive de l’avenir de notre société. Polype, c'est ma petite pierre à ce vaste chantier...

Ce livre vise à contribuer à renforcer la conscience populaire dans la nécessité d’une "révolution heureuse" de notre modèle de société. Par "révolution", j’entends la transformation profonde des fondamentaux de notre civilisation, par exemple le passage des cultes de la liberté individuelle sans limite, de l’accumulation, de la croissance, du matériel, de la compétition, de la science et de la technologie, la recherche guidée par les moyens, vers de nouveaux repères et valeurs culturels : la responsabilité face aux biens communs, la modération et le partage, l’équilibre, les relations sociales et l’épanouissement intellectuel et spirituel, la coopération, l’écoute, l’inspiration et le respect de la nature, la recherche guidée par la conscience et les besoins…

Dos de couverture

Par "heureuse", j’entends qu'en dépit des menaces et des douleurs, nous avons des brassées de bonheur à cueillir sur le bord du chemin, tout au long de l'aventure. J'entends une démarche volontaire, proactive, qui cherche à anticiper les dangers, et à sauvegarder et renforcer certains acquis fondamentaux de nos sociétés répondant notamment aux besoins physiologiques (alimentation, eau, santé…) et de sécurité ("environnement stable et prévisible, sans anxiété ni crise" pour reprendre les termes de Maslow), la démocratie et la souveraineté populaire, l’égalité des droits, de multiples libertés individuelles et le respect des cultes et des cultures… Toutes ces dimensions essentielles à notre épanouissement individuel et collectif, et à l’avènement d’une humanité plus éclairée. C’est une démarche d’appropriation du processus de transformation. Elle s’oppose à la « première voie » qui consiste à répondre de manière réactive, aléatoire, sectorielle, à courte vue et désordonnée aux problèmes et aux catastrophes au fil de leur apparition, et ainsi à « subir » plutôt qu’à « maîtriser » la transformation inévitable de nos sociétés.

Avec Polype, je voulais sortir de mon registre technique habituel. La journaliste et écrivain Sophie Rougier m'a aidé à transmettre ces idées sur un registre plus émotionnel pour renforcer la prise de conscience dans la nécessité de la révolution heureuse, sans tomber dans un mode moralisateur. Au contraire, le roman encourage le lecteur à s'évader, et à vivre avec son propre affect les expériences de Polype. En effet, le roman raconte la quête du bonheur par un "petit prince" des temps modernes incarné par un polype de corail. Le voyage du petit prince-polype permet de faire des itérations entre la société corallienne et la société occidentale actuelle.

Au final, il s'en dégage une vision pour une société nouvelle, organisée autour de trois concepts phares qui se répondent entre l'échelle individuelle et l'échelle collective : équilibre, liberté, responsabilité. Demandez le programme !